18 octobre 2016

Amorcer la pompe à écriture

Une petite balade, une photo, un petit texte... ou le décrassage neuronal d'automne...
Nous verrons bien où cela me mènera ! 




Les jours de chasse, préférons le bord de mer, les pêcheurs sont moins bruyants.
Même par temps calme il suffit d'un rocher pour que la mer brise le silence.
Le silence, si ce n’est les jeux des enfants.
Le silence si ce n’est les mouettes qui se disputent les coques.
Le silence…
C’est donc du silence dont j’ai besoin.
L’horizon, la mer, l’infini dispersent mon regard et mon attention. Je ne butte sur rien et ne peux me concentrer. La mer serait-elle un amour de jeunesse qui s’éloigne ?
Puis elle se retire, laisse coques et palourdes à portée de mains .Ne manque d’un verre de blanc à ce goûter!
Cercle d'arbres au milieu du champ.


Ne pas les déraciner. Quelle promesse faite en échange ?
Deux chevaux s’approchent du chemin, tendant le col, quémandant une petite gâterie.
Ah, pas de chance, c’est hier que j’ai ramassé quelques pommes bien rouges. Un autre chemin, sans chevaux gourmands.


Le silence froissé par le lointain moteur d’un tracteur.

Sur la bande de vase verte qui sépare le chemin de la rivière, les traces bien droites des bêtes qui viennent ici se désaltérer. Il suffirait de ne plus bouger, de les attendre.
La marche offre une qualité différente à la solitude de la page blanche.
Chaque chose en son temps.
Les chasseurs rentrés au nid, chevreuils et biches glanent les épis de maïs que la machine n’a pas dévoré.
« Engraissez, engraissez, mes belles, nous nous retrouverons samedi. »En attendant il faut bien qu’ils entèrent la merde de leurs cochons qui fume en tas sur le bord du champ. Après ils laisseront la terre en paix quelques mois, le temps de s’occuper des chevreuils et des biches.


Avec la pleine lune le temps changea soudain et l’hiver s’installa sans autre préambule.
Le ciel était bleu froid, blanc sale, tous les gris humides et menaçantes vagues de taches noires. Le soleil à la cape. Le vent venait de la mer : le flot des voitures sur la quatre voies, marée perpétuelle.
Le chemin, comme tous les autres, s’était peu à peu fait grignoter par le tracteur. Là aussi il fallait couper à travers champ.
Sur les feuilles de maïs qui couvraient le sol, la pluie entonna une petite rythmique sèche.
Un coup de vent réveilla le gros nuage - le seul ! - qui trainassait au-dessus de sa tête. Et la vieille, en un instant, fut trempée comme une soupe.
Une soupe... Une soupe aux châtaignes. Et tant pis pour les champignons.
Tout au bout de l'immense terre qui attendait le labour, derrière la fenêtre de la petite maison aux volets bleus, la vieille l'avait vu sortir du bois, s’engager dans le champ, s'immobiliser, puis se coucher doucement.
Et l’instant d’avant la vieille aussi avait entendu le coup de feu.

"Que veux-tu ma biche, la saison de la chasse a commencé."

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