Ce matin en
demi sommeil et pensant déjà, encore à cette soirée, maintenant rendez-vous
mensuel depuis plus d’un an. La soupe à préparer, le diaporama à finir, les
textes à taper, le vidéoprojecteur à dompter, accueillir les passagers de la
promenade aussi… Les mots sont tombés sur mon carnet de lit. J’appelle cela les
mots tombés du sommeil. Phrase parfois, idées, juste mot jetés en demi conscience,
donc souvent vrais, juste car là avant que le craquant du « être au monde
et aux autres » ne s’installe et guide notre journée.
Un petit
instant de grande vérité en somme. Et cette bribe d’idée, ce matin était enfermé
dans la locution « prière d’action de grâce ». Remerciement peut en
être une traduction, moins connoté pour ceux à qui quelque spiritualité risque
de faire peur, de froisser. Mais dans le mot « merci il a cette notion de commerce, d’échange marchand
qui me gêne souvent. Dire « merci » est souvent « payer une
dette ». Est-ce d’avoir eu au téléphone hier après-midi mon vieux vieux père pasteur, sénile,
« mais je m’accroche me dit-il ». Ah quoi, papa, à quoi ?... Lui
qui ne cessait de dire « tout est grâce » et qui vouait au
« mérite » une belle haine idéologique. Vile locution commerciale, né
avec le capitalisme. C’est compliqué pour moi de vous expliquer cela. Avoir du
mérite cela voudrait dire que ce qui m’arrive n’est que de mon fait. Alors que
ce sont les interférences avec vous qui
fait ma vie.
Lorsque la
joie pousse à l’intérieur de mon ventre, de ma cage thoracique, pousse comme
une masse qui ne comprime pas la respiration mais au contraire dilate, va vers
l’extérieur de mon petit moi, cherche à sortir de moi par tous les pores de ma
peau et je dis « qu’est-ce que c’est bien, qu’est-ce que je suis contente,
« c’est bon » c’est fort Et c’est une communion. Non. Et pourquoi ce
matin cette envie de le dire ? Parce que ma plume est sèche depuis des mois ?
Parce que les mots ne me viennent pas, parce que j’ai l’angoisse d’avoir perdu
tout brin de cette imagination féconde qui m’a porté tant d’années et que ces
jour-ci, je sens les mots qui frappent de nouveau à la porte de mon cerveau, prêts
à jaillir bientôt. Question de temps à trouver, à donner. Pourquoi ces
jours-ci ?
Parce que
Lino et Patrick, présents ici depuis une semaine créent autour de moi une bulle
créatrice et fertile.
Dès mon
arrivée ici et avant même puisque c’était dans le projet pour postuler à ce
lieu, j’avais envie de ces temps de résidence artistiques. Et ce n’était pas
seulement parce que je n’avais pas rempli le dossier pour aller 4 mois dans le
phare de Creach à la pointe de l’ile d’Ouessant en résidence d’écriture. Un
vieux rêve qui ne sera peut-être jamais accompli. Mais les rêves doivent il
être accomplis ?
Seulement je
n’avais que l’impression fugace que cela serait bon de faire de cet atelier
trop grand pour moi seule .un lieu de rencontre, de résidence, de création en
marche, en cours…
Et alors que
cela se réalise devant moi, avec moi, là, maintenant, c’est la fulgurance d’une
évidence. C’est bon ! Ah que c’est bon. Et les mots depuis une semaine
qu’ils sont là, tous les deux, reviennent sur ma plume. Qu’ils en soient
remerciés.
Voyant les
personnages dansant de lino voir le jour dans l‘atelier cette semaine c’est
fait tout naturellement le lien avec les silhouette d’Anne Revol, donc
l’exposition au jour le jour. Tout est dans tout et la pâte est bien pétrie de bonnes
ondes !
Mes deux
invités partaient d’un projet autour de l’ombre et de la lumière, parlaient
d’enfermement, qui contraint la création, pensaient à Camille Claudel, à Anne
de Castille. Au pouvoir qui contraint, enferme, interdit, empêche. Et ces
figures de lino, en marche et que je vois joyeuse, dansantes, libres, me mettent
en joie
Mais cela ne
tombe pas comme un cheveu sur la soupe. Il y a eu toute cette année autour de
l’exposition Au jour le Jour. Cette chance d’avoir rencontré tous ces créateurs
d’imaginaires, toutes ces personnes qui tentent de faire dire à la plume, le
pinceau, la terre, l’image quelque chose d’eux. La force de ces rencontres, le
plaisir que j’ai eu à résumer leur mots dans cette petite nouvelle et surtout
les rencontres qui allongent les projets de livres avec certains d’entre eux,
le carnet de projets est plein pour les mois à venir !
Voilà
Soyez ici
les bienvenus aujourd’hui et pour les temps à venir. Merci de votre présence et
que 2020 soit aussi bonne pour vous que celle qui s’achève le fut pour moi.
C’est ce
matin seulement que j’ai réalisé combien le thème de cette soirée du 8 décembre
était ma façon de rendre grâce et ma prière d’intercession sera juste :
« Pourvu que ça dure ! »
Je vous invite à emprunter une passerelle entre deux lieux vivants. Une promenade autour de la création et de la lecture.
Pour cette lecture de décembre, je vous propose donc :
- d'aller visiter l'exposition au jour le jour à la Galerie Espace Liberté. C’est ouvert du mercredi au vendredi de 15 h à 18 h et le samedi et le dimanche de 10 h à 18 h.
Allez vous promener parmi les 366
tableaux de cette biennale.
- Vous trouverez sans aucun doute une œuvre qui vous parle. Écoutez bien ! Une envie d'écrire sur ce tableau ? Ou un auteur, un texte vous vient en mémoire ?
Voici donc le thème de cette lecture
- Si
vous m'envoyer une photo ou la date
de l’œuvre, son auteur (isabelle.micaleff[at]orange.fr) avant le 6 décembre, je trouverai peut être le
temps de faire une diaporama, et donc une projection de cette œuvre pendant que
vous lisez.
- Et
venez nous lire cette pépite dimanche 8 décembre à l’Atelier 8. Autrement c'est
comme d'habitude... Les portes sont ouvertes à 19 h pour la soupe et les lectures commencent à 20 h.
C’est gratuit, une tirelire est
à la disposition de ceux qui souhaitent participer...
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